je suis catholique et croyante
j ai lu ca et ca m a un peu choquee
On a admiré le chanteur mais pas sa chanson»
Christian terras est le directeur de la revue Golias, porte-drapeau des catholiques progressistes très critiques et vis à vis de l'église en général et Jean Paul II en particulier.
Par Christophe ALIX
samedi 02 avril 2005 (Liberation.fr - 22:30)
Quel jugement portez-vous sur le très long pontificat de Karol Wotyla?
Jean Paul II aimerait que l'on se rappelle de lui comme le plus grand pape de ces dix derniers siècles. Mais je dirai que si son pontificat a pu être exceptionnel dans la forme, il ne l'a certainement pas été sur le fond. On a certes admiré le chanteur mais certainement pas sa chanson. Et avec la distance, on se rendra compte que l'œuvre de restauration doctrinale et réactionnaire de Jean Paul II aura des conséquences très néfastes sur l'église. Cet homme n'a eu de cesse de propager une culture de mort plutôt que de vie, avec un regard très pessimiste sur le monde. Ce n'est pas le sens du message chrétien qui est un message d'espérance !
A quoi peut ressembler son successeur?
Le futur pape sera complètement différent et en même temps très respectueux de l'héritage de Jean Paul II. Il ne sera peut-être pas à même de mettre en place de véritables réformes du catholicisme mais il devra amener l'église sur une posture plus réformatrice. Il sera l'homme d'une transition en douceur, avec pour mission de ne pas se couper des bases intransigeantes tout en redonnant espoir aux tendances réformatrices. Bref, un fin politique, un homme de compromis dont le portait ne peut pas mieux correspondre qu'à celui d'un Italien.
A quelles conditions justement un italien peut-il être élu comme cela avait toujours été le cas depuis 455 ans avant l'élection d'un Polonais en 1978?
Le sacré collège qui réunit les cardinaux électeurs ne répetera pas l'erreur tactique et stratégique de 1978. Les Italiens qui contrôlaient l'assemblée n'avaient pas réussi à se mettre d'accord entre conservateurs et réformateurs et l'élection de Karol Wotyla a fini par apparaître comme l'unique moyen de sortir de la situation de blocage créée par la compétition entre Giovanni Benelli, cardinal archevêque de Florence et Guiseppe Siri, cardinal archevêque de Gênes. Cette fois, je pense que les 20 cardinaux électeurs italiens ont eu le temps de se mettre d'accord, même si les prétendants doivent rester très prudents. Comme l'affirme la légende, quand on rentre pape au conclave, on en ressort cardinal !
Quel est votre favori?
Le cardinal Dionigi Tettamanzi, archevêque du diocèse de Milan, le plus grand d'Europe, me paraît être le principal favori. Si la solution italienne ne parvenait pas à s'imposer, il ne serait plus interdit d'aller regarder du côté du continent sud-américain qui constitue le principal vivier de l'église aujourd'hui. Mais difficile d'imaginer un pape brésilien ou hondurien n'être qu'un pape de transition...