Le cas du plus ancien détenu français examiné par la cour européenne des droits de l'Homme
AP | 26.04.05 | 20:09
STRASBOURG (AP) -- La cour européenne des droits de l'Homme a examiné mardi la requête de Lucien Léger, le plus ancien détenu français, qui a décidé d'attaquer l'Etat pour dénoncer un maintien en détention «arbitraire». La décision de la cour ne devrait pas être connue avant plusieurs mois.
Lucien Léger, qui est aujourd'hui âgé de 78 ans, a été condamné en 1966 à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre d'un enfant de 11 ans. Il assure que son maintien en prison correspondait en fait à une peine perpétuelle incompressible, constitutive d'un traitement inhumain et dégradant qui entraîne une violation de l'article 3 de la Convention.
Son avocat, Me Jean-Jacques de Felice, a déclaré mardi devant la cour européenne des droits de l'Homme à Strasbourg que la détention n'avait jamais dépassé 30 ans dans d'autres affaires semblables. «Cela fait plus de 40 ans. Ca fait trop longtemps, ce n'est pas raisonnable», a-t-il observé, ajoutant que le détenu ne représentait plus aucun danger pour la société.
De son côté, l'Etat français, qui était représenté par Jean-Luc Florent, a rappelé que Lucien Léger continuait à montrer des tendances paranoïaques et pourrait récidiver. Sur les 551 prisonniers français qui purgent actuellement une peine de prison à perpétuité, douze sont derrière les barreaux depuis plus de 30 ans et n'ont pas bénéficié de libération conditionnelle, a-t-il souligné.
L'arrêt de la cour n'est pas attendu avant plusieurs mois, a précisé la porte-parole de l'instance judiciaire européenne, Emma Hellyer.
Lucien Léger est incarcéré à Bapaume, dans le Pas-de-Calais, pour le meurtre de Luc Taron, un garçon de onze ans. Il était passé aux aveux en garde à vue, avant de revenir sur ses déclarations quelques mois plus tard. Il avait été condamné en 1966 et avait demandé, en vain, la révision de son procès en 1971 et 1974.
En 1999, la commission d'application des peines a rendu un avis favorable à sa libération conditionnelle, mais sa demande a été rejetée par la ministre de la Justice Elisabeth Guigou le 15 juin 2000. Le 6 juillet 2001, la juridiction régionale de libération conditionnelle a rejeté sa demande. Cette décision a été confirmée en novembre 2001 par la juridiction nationale de libération conditionnelle au motif, entre autres, que Lucien Léger n'envisageait pas de suivi psychologique pour soigner ses tendances paranoïaques. AP