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Quand Bono se raconte
Concert. Alors que la rock star sera samedi et dimanche au Stade de France, un livre paraît dans lequel le leader de U2 revient sur ses engagements humanitaires.

Au lendemain du Live 8 contre la pauvreté et son concert à Londres, U2 sera au Stade de France ce week-end. Un concert-événement comme toujours pour cette machine à rock emmenée par l’Irlandais Bono. Imaginé dans la foulée de leur dernier album How To Dismantle An Atomic Bomb, le show « Vertigo » sera l’occasion pour les quatre membres du groupe d’allier spectacle et discours humanistes. Avec, parmi les moments forts, la Déclaration universelle des droits de l’homme défilant sur écran géant, sur la chanson Pride In The Name Of Love. Récemment à Vienne, Bono a de nouveau enfilé ses habits de rocker au grand coeur : « De la charité du Live Aid à la marche de la justice du Live 8, c’est le moment de faire de la pauvreté une histoire ancienne. »

Bono a rencontré le pape Jean-Paul II, Bush, Clinton, Tony Blair et tous les grands du monde. Mais jamais il n’a renoncé à la musique, la passion de sa vie. Né dans un quartier pauvre de Dublin le 10 mai 1960, Paul Hewson, alias Bono, aurait pu être fonctionnaire comme son père, employé de la poste ou VRP comme nombre de membres de sa famille. On découvre son parcours dans Bono par Bono, un très bon livre d’entretiens avec Michka Assayas. Ainsi, il y raconte les rapports plus que difficiles avec son père, la perte de sa mère à l’âge de quatorze ans, son adolescence punk, ses bagarres avec son frère... Des pages où il porte un regard distancié sur son statut de rock star. S’il essaie de concilier la « sincérité » et les besoins du star-system, il considère qu’il ne faut jamais se fier aux artistes sur scène : « Les interprètes sont les plus grands menteurs, dit-il. Ils gagnent leur vie en mentant. Faire ça, c’est être acteur, en un sens... » Se considère-t-il comme une célébrité ? « Non. » Alors, qui est Bono ? « Je suis un gribouilleur, un fumeur de cigares, un buveur, un lecteur de la Bible, un frimeur. Je suis quelqu’un qui aime peindre ce qu’il ne voit pas... »

À l’origine de shows barnum où toutes les audaces scéniques sont permises, U2 a vendu des millions d’albums depuis le début de sa carrière, dans les années 1980. Un décor au milieu duquel Bono se sent comme un poisson dans l’eau. À l’époque de Zoo TV, il vivait un « personnage de rock star en kit », jouant à fond le cliché rock’n’roll : blouson de cuir Elvis, pantalon de peau à la Jim Morrison, lunettes d’aviateur façon Lou Reed... Le chanteur a toujours cultivé une certaine extravagance. Mais, en dehors de la scène, il essaie de rester cet Irlandais issu d’un milieu simple, près des réalités : « On cherche tous à se faire remarquer - moi le premier -, mais je pense que l’attention que je reçois avec ma musique me suffit. » Porté vers l’autre, mais aussi redoutable homme d’affaires pour les besoins de son groupe, Bono est aussi ce rocker qui mène depuis longtemps un combat pour annuler la dette des pays pauvres : « La célébrité, c’est quelque chose de ridicule, de débile, mais c’est une sorte de valeur qui a cours. Il faut l’utiliser à bon escient. » Il a beaucoup appris de son action humanitaire : « Même si 23 pays ont vu leur dette annulée, il y en a encore qui, tous les ans, remboursent à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international plus d’argent qu’ils n’en consacrent à leurs dépenses de santé et d’éducation. Les gens ont une dignité et ils ne veulent pas rester à genoux. Mais c’est nous qui les obligeons à rester à terre ! »

Voilà pour ses engagements. Le reste appartient à la musique - « C’est là que j’ai le luxe de rêver » -, dit Bono, parcourant un livre qui révèle beaucoup de sa personnalité. Une rock star qui se confie pour tenter d’approcher sa vérité. Ce n’est pas si commun.

U2 au Stade de France : samedi 9 et dimanche 10 juillet.