Il y a le ciel, les oiseaux, la mer et… ces femmes-enfants d’un jour et ces massages qui font dire aux dames: “Jamais je ne laisserais mon mari venir en Thaïlande”.
Pattaya aurait été une partition idyllique pour un touriste de base. Si ce n’est que la station est d’abord, avant sa mer, et ses succulents produits, ses tropiques, son soleil, ses temples bouddhiques et ses îles, une destination d’exotisme sexuel prisée par 200.000 touristes par an (autant que les habitants). La plupart des clients proviennent du vieux continent, mais aussi du Maroc!!
La soixantaine achevée, le crâne bien dégarni, et avec son teint hâlé, ce touriste européen ou américain affiche un sourire de satisfaction: il tient dans ses bras une jeune Thaïlandaise de quinze ans au plus.
D’autres “touristes” européens, surtout des hommes de tous âges viennent à Pattaya assouvir leurs fantasmes sexuels: ici, des Thaïlandaises font commerce de leurs corps par misère. Cette femme, la quarantaine dépassée, cheveux courts et blonds, entraîne avec elle une Thaï bien dévêtue.
Beaucoup d’entre ces femmes d’un jour (le mot prostitué, n’existerait pas dans la langue thaï), pour ne pas dire la majorité semble avoir entre 11 et 20 ans au plus.
Au moins 20.000 “prostituées” sont répertoriées, affirme un des responsables du voyage. Dans les rues de Pattaya, qui restent animées jusqu’au petit jour, on a l’impression qu’il y en a bien plus. La majorité de ces jeunes filles viennent d’une région très pauvre au nord-est de la Thaïlande, frontalière avec le Laos.
La plupart s’acheminent vers Bangkok, appelée “la cité des anges” par les Thaï, ou encore Pattaya. La misère de cette contrée les fait fuir, surtout en année de sécheresse, la région étant un grand pôle agricole. Les étrangers sont en quelque sorte une bouée de sauvetage.
Ces jeunes filles déambulent en attendant ce client de l’Occident qui viendra leur donner quelques baths le temps d’un fantasme à réaliser. Ou attendent sagement dans des vitrines ou dans des pubs le futur client.
Mais ce tourisme sexuel est aussi du tourisme de pédophilie: des filles, les seins à peine bourgeonnants, se promènent en tenue très légère et s’accrochent à des bras ballants de vieux européens. Un père de famille, l’air bien enivré, entre dans un fast-food de la ville: kiss food Pattaya. Il est accompagné de ses deux jeunes fils et de trois fillettes thaïlandaises. Ils mangent, mais aussi se donnent à des postures suggestives, sans aucun complexe.
A une table voisine, un vieux retraité européen termine, l’air heureux, sa soirée en embarquant une autre Thaï, la quinzaine à peine dépassée.
Dans ce “night-club”, à l’entrée, les videurs demandent si l’on a des appareils photos pour les réquisitionner: interdit de photographier ce haut lieu de débauche qui ne porte pas son nom.
Dans ce coin chaud de Pattaya (que les rieurs appellent “pute-aya”), une bonne dizaine de jeunes Thaïs sont exposées sur une estrade en maillot string zébré. Elles portent un numéro à leurs culottes. Le “client” n’a qu’à passer à la caisse, donner le numéro de la fille et payer avant de l’emmener. Dans les hôtels, il est possible de faire entrer votre “compagne d’un jour”, pour peu que vous payiez son supplément à la réception, au prorata du temps qu’elle restera avec son client.
En face de cette estrade, une autre: les filles sont plus jeunes, beaucoup plus jeunes, et portent des maillots string en noir. Elles sont plus “chères”, car plus jeunes. Elles ont au maximum 12 ans dit un des serveurs.
Heureusement qu’il reste ce soleil et cette éblouissante mer au touriste “profane”: il peut déguster de délicieux comme de bizarres mets (criquets, cafards, frits) pour quelques baths, louer un “hors-bord” pour visiter de superbes sites insulaires où montagnes verdoyantes charrient les sables les plus blancs d’une mer calme et transparente. Mais l’arrière-goût en quittant Pattaya reste amer: une si jolie station balnéaire et tant de misère affichée sous les yeux de ces riches touristes. Ces filles et fillettes ne sont pas si libres que ça comme le veut la définition de la Thaïlande: terre des hommes libres. La misère les prend à la gorge.