Le testament de Jean Paul II révélé --par Nicole Windfield--
AP | 07.04.05 | 20:16
CITE DU VATICAN (AP) -- Tandis que d'innombrables pèlerins continuaient à défiler, pour le dernier jour, dans la basilique Saint-Pierre afin de s'incliner devant la dépouille mortelle de Jean Paul II, le testament spirituel du défunt pape a été rendu public jeudi, à la veille de ses funérailles au Vatican, où sont attendus des dizaines de chefs d'Etat et de gouvernement.
Dans ce document, on découvre que le souverain pontife a envisagé en l'an 2000, alors que se faisaient sentir les symptômes de la maladie de Parkinson, de présenter sa démission. Mais il a préféré laisser à Dieu, qui l'avait «sauvé» d'une tentative d'assassinat en 1981, le soin de «le rappeler quand Il jugera bon de le faire».
Le texte a été écrit en polonais, en plusieurs parties. La première remonte à 1979, l'année qui a suivi l'élection de Karol Wojtyla à la tête de l'Eglise catholique.
En 1982, Jean Paul II songe à demander à se faire enterrer en Pologne. Trois ans plus tard, il se ravise et décide de laisser le choix de sa sépulture au Collège des cardinaux. Le pape, décédé samedi dernier à l'âge de 84 ans, sera donc inhumé vendredi dans la crypte de la basilique Saint-Pierre de Rome. Il reposera «dans la terre», comme il le réclame dans son testament.
«Je ne laisse derrière moi aucun bien matériel dont il faudrait s'occuper», écrit Jean Paul II. «Les objets de la vie quotidienne peuvent être donnés comme il sera jugé opportun. Mes notes personnelles doivent être brûlées. Je demande à Don Stanislaw (l'archevêque Dziwisz, NDLR) de s'en charger et je le remercie de sa coopération et de son aide compréhensive tout au long de ces années.»
Le secrétaire personnel du pape est, avec l'ancien grand rabbin de Rome, la seule personne vivante à être nommément citée dans le testament spirituel. Jean Paul II remercie Elio Toaff de l'avoir accueilli dans sa synagogue en 1986. C'était la première fois qu'un pape entrait dans une synagogue. Le rabbin s'était rendu lundi devant le corps de Jean Paul II pour lui rendre hommage.
Dans son testament, le pape invite par ailleurs les catholiques à poursuivre les réformes entamées avec le concile Vatican II, «un grand don» selon lui.
Plus de quatre millions de fidèles, certains munis de sacs de couchage et de tentes, sont déjà arrivés à Rome pour ces funérailles d'exception, qui doivent avoir lieu vendredi à 10h du matin. La municipalité a exhorté les Romains à accueillir des pèlerins chez eux. Elle a aussi ouvert en périphérie de la capitale un vaste terrain pour que les campeurs puissent s'y installer.
La basilique Saint-Pierre, où des milliers de personnes sont venues s'incliner devant la dépouille de Jean Paul II, devait fermer ses portes jeudi vers 22h afin de préparer la messe funèbre de vendredi matin. A travers la ville, des écrans géants sont dressés pour permettre à ceux qui ne pourront pas accéder à la place de suivre la cérémonie.
La circulation automobile va être interdite vendredi de 2h du matin à 18h. Rome, qui compte habituellement 3,7 millions d'habitants, a vu sa population doubler ces derniers jours. Durant les obsèques, l'espace aérien sera fermé dans un rayon de huit kilomètres autour de la capitale italienne et le trafic sera réduit à l'aéroport Léonard de Vinci. Jeudi, l'aéroport Ciampino a été fermé.
Quelque 8.000 agents seront déployés pour assurer la sécurité durant les funérailles, dont 2.000 policiers en uniforme et 1.400 officiers en civil aux alentours de la place Saint-Pierre. Des artificiers se tiendront prêts en cas d'alerte à la bombe. Des tireurs d'élite prendront place sur les toits autour de la basilique. Un navire de guerre armé de torpille croisera au large de Rome et la DCA surveillera le ciel.
«Il est clair qu'il y a une présence exceptionnelle de chefs d'Etat, jamais vue auparavant en Italie ou dans d'autres parties du monde», reconnaît le chef de la police romaine Marcello Fulvi. «Ca nous oblige à assurer le plus haut niveau de sécurité.»
On dénombre pas moins de trois présidents américains, celui en exercice George W. Bush, son père George H.W. Bush, et Bill Clinton. La Grande-Bretagne sera représentée par le prince Charles -à la veille de son mariage avec Camilla Parker-Bowles- et le Premier ministre Tony Blair. Seront aussi présents le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, le président français Jacques Chirac, ses homologues brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et mexicain Vicente Fox, et le chancelier allemand Gerhard Schroder. AP