05/04/2005 - 19h28
par Pierre-Henri Allain
ANGERS (Maine-et-Loire) (Reuters) - Trois policiers ont expliqué mardi devant la cour d'assises du Maine-et-Loire combien ils avaient été marqués par leur enquête sur le vaste réseau de pédophilie jugé depuis un mois à Angers.
Après avoir mené les investigations pendant trois ans, ces policiers de la brigade des mineurs avaient demandé à changer de service.
"J'ai refusé de poursuivre l'instruction. Je ne me sentais plus apte. J'ai auditionné nombre d'enfants et on ne peut pas rester indifférent. Cela laisse des traces", a déclaré Philippe Perez, 41 ans, qui a évoqué les "atrocités" et le "calvaire" subis par les petites victimes.
Le policier, qui a fait l'objet d'un suivi thérapeutique après avoir filmé à l'aide d'une webcam les dépositions des victimes, leurs silences et leurs gestes de repli sur eux-mêmes, s'est attardé sur le cas d'un enfant qui a été "plusieurs fois sodomisé avec violences, avec menaces".
Egalement membre de la brigade des mineurs, Catherine Mercier, 43 ans, redevenue gardien de la paix avant la fin de l'enquête, a déposé avec beaucoup d'émotion, soulignant que certaines victimes la prenaient pour "une deuxième maman" et lui demandaient de ne pas les "lâcher".
"Cette affaire m'a perturbée (...) On a beau être policier, quelquefois cette carapace, elle tombe. Ça m'a laissé des séquelles. On s'est beaucoup donné pour sauver le plus d'enfants possible et le plus rapidement possible", a-t-elle déclaré, en larmes.
"Quand ils repartaient, je leur donnais un jouet, certains n'en avaient jamais vu", précise-t-elle.
Pendant l'instruction, une salle de la brigade des mineurs avait été par ses soins décorée de photographies et remplie de jouets et d'albums à colorier, pour "la rendre plus gaie", a-t-elle raconté.
Chef de la brigade des mineurs, Fabienne Lopéo, 54 ans, n'a pas non plus caché son émotion.
Elle a tenu à demander "pardon aux enfants" pour les "maladresses" qui auraient pu être commises par souci de neutralité.
"Nous faisons partie des professionnels de l'enfance maltraitée mais nous restons des personnes humaines et il y a eu tant d'horreurs de déversées dans nos bureaux respectifs qu'il a été dur de rester complètement stoïque", a-t-elle dit.
L'enquête a débuté en novembre 2000 par l'audition d'une adolescente qui a porté plainte contre Didier J. et Eric J., pour viols et agressions sexuelles avec actes de torture et de barbarie commis lorsqu'elle était enfant.
Cette plainte avait conduit Catherine Mercier à entendre l'amie d'Eric J. Celle-ci avait alors accusé son concubin d'avoir abusé de trois enfants, dont la fille aînée de Patricia et Franck V., un couple déjà connu des services de police pour des maltraitances et des attouchements sur ses enfants.
L'audition de Patricia V. permettra d'identifier dans un premier temps 18 victimes de prostitution enfantine.
"De l'argent circulait afin que les adultes puissent assouvir leurs perversions sexuelles (...). Plusieurs individus confirmaient mettre leurs enfants à disposition moyennant finances ou des colis alimentaires", a précisé Philippe Perez, soulignant que Patricia V. était considérée comme "la trésorière du réseau" par plusieurs personnes.
Au début de l'enquête, la brigade des mineurs comptait seulement quatre fonctionnaires, ont précisé les policiers. Deux fonctionnaires supplémentaires les rejoindront en novembre 2002, l'affaire étant devenue "prioritaire".
L'enquête permettra d'identifier au total 45 victimes âgées de quelques mois à 12 ans au moment des faits, entre 1999 et 2002.
Au total, 66 personnes sont sur le banc des accusés.
je ne suis pas au courant de cette affaire quelqu un pourrait m ebn dire plus???
on vit dans un monde de fou