Le prince Albert II, qui a reconnu officiellement mercredi le petit Alexandre, son fils illégitime âgé de 22 mois, affiche par ce geste sa volonté de faire de "la morale, l’honnêteté, l’éthique" et "l’ouverture" des valeurs phare de son règne.
Souverain de Monaco depuis la mort de Rainier III le 6 avril, Albert s’était plutôt distingué jusqu’ici par ses exploits sportifs et par les nombreuses liaisons qui lui ont été prêtées, jusqu’à la reconnaissance officielle de ce fils secret, dont la mère est une ex-hôtesse de l’air française née au Togo.
"Je veux placer la morale, l’honnêteté, l’éthique au centre des préoccupations de mon gouvernement, de ses conseillers, de tous les décisionnaires de la principauté", affirme le prince dans un entretien à paraître vendredi dans Le Monde 2.
"Le prince Albert n’aime pas les tricheurs", souligne-t-on dans son entourage, qui se prépare à la formation d’une nouvelle équipe.
"J’ai (...) demandé, pour le 13 juillet, la démission de tous les collaborateurs du palais", dit le prince au Monde 2, expliquant qu’il "ne pense pas" toucher au gouvernement "pour le moment".
Formé au droit des affaires aux Etats-Unis et en France, Albert, 47 ans, dispose à Monaco d’un solide réseau d’amis, mais il est prêt à aller chercher des compétences où elles se trouvent, notamment aux Etats-Unis, afin de donner au Rocher une "image de modernité", explique-t-on dans son entourage.
Parmi les défis qui l’attendent, celui de la lutte contre le blanchiment : "Je me battrai de toutes mes forces pour que Monaco soit irréprochable et qu’on sorte à jamais de l’équation Monaco = blanchiment", soutient-il dans Le Monde 2.
Parfaitement bilingue français-anglais, Albert est considéré comme un "homme loyal". "Il sait écouter et déléguer. Il a reçu une très bonne formation et possède un très bon jugement", souligne Claude de Kémoularia, ancien ambassadeur de France à l’Onu, qui a été directeur de cabinet de Rainier.
Alors que son père était diminué par l’âge et la maladie, Albert a rempli ces dernières années toutes les missions souveraines à l’étranger.
Il a parcouru le monde de l’Amérique latine à la Chine, conduisant la délégation monégasque à l’ONU - où la Principauté a été admise en 1993 comme Etat membre - ou lors de son adhésion au Conseil de l’Europe en octobre 2004.
Il cumule des fonctions dans maintes fondations et organisations, notamment sportives. Membre du Comité international olympique (CIO), il se trouvait mercredi à Singapour.
Chacun de ses prédécesseurs dans le siècle a eu un surnom: Albert 1er était le "prince navigateur", Louis II le "prince soldat", Rainier III le "prince bâtisseur". Albert est le "prince sportif".
Athlétisme, hand-ball, natation, tennis, aviron, voile, squash, ski, escrime, judo (il est ceinture noire) : le prince, rompu à de nombreuses disciplines, a été pilote de bobsleigh à quatre Jeux Olympiques d’hiver, et a participé au Paris-Dakar en 1985.
En assumant sa paternité, il pourrait gagner beaucoup en popularité, alors que la presse du coeur et les Monégasques désespéraient jusqu’ici d’attribuer une liaison à celui qui a été "vingt ou trente fois déjà fiancé", selon sa propre expression.
"Je me suis plu dans ce célibat un peu prolongé, qui me donne une certaine liberté", dit-il au Monde 2, ajoutant: "rassurez-vous, je me marierai! (...) Je créerai moi aussi une famille". [/img]