Inevitables???

APRÈS les attentats de Madrid de 2004, le maire de Londres avait déclaré qu’il était "inévitable" que des attaques terroristes aient un jour lieu à Londres. L’inévitable est arrivé, au lendemain du jour où les britanniques fêtaient l’attribution des Jeux Olympiques à leur capitale. Les autorités britanniques étaient prévenues. L’opinion publique anglaise avait été alertée. Le choc n’en est pas moins fort. En février, Tony Blair avait même estimé que des centaines de personnes "étaient engagées dans préparation d’attentats terroristes". Mais rien n’y a fait, encore qu’on ne sache pas si d’autres attentats n’ont pas été empêchés. Ce qui serait vraisemblable car après ceux de Madrid, il s’est passé de longs mois sans qu’aucune opération d’Al-Qaïda ait lieu en Europe, ses actions se concentrant dans les pays musulmans et surtout en Irak. Mais comme l’hydre de la mythologie grecque, Al-Qaïda a reformé ses tentacules, décidant de frapper au moment de la réunion du G8, sa date étant connue à l’avance. Car il faut sans doute des mois pour préparer autant d’attentats simultanés, cette simultanéité étant d’ailleurs le signe distinctif de la nébuleuse de Ben Laden. Publicité


L’objectif avoué étant bien sûr la participation britannique à la guerre en Irak et en Afghanistan, mais également, comme chaque fois, de raviver les feux du choc des civilisations. De cette quatrième guerre mondiale, selon l’expression du néo-conservateur américain Eliot Cohen, la troisième ayant été la guerre froide. Depuis les attentats la Grande-Bretagne ne brûle pas "de peur, de terreur et de frayeur du nord au sud et d'est en ouest", comme l’affirme le communiqué diffusé hier sur Internet. Au contraire, sur ce plan les fanatiques de l’Islam n’ont pas réussi. Comme l’a déclaré le maire de Londres, Ken Livingstone, "rien de ce que vous ferez, quel que soit le nombre de gens que vous tuiez, n'arrêtera le flux vers nos villes où la liberté est forte et où les gens peuvent vivre en harmonie". Mais le plus dur est peut-être à venir. Les services secrets craignent en effet qu’Al-Qaïda n’utilise des armes bactériologiques ou chimiques, comme l’a révélé un lieutenant d'Al-Zarqaoui détenu en France, un plan d'attaque à l'arme chimique devant être perpétré contre la base navale espagnole de Rota. Le commando avait été démantelé par la police catalane en 2003. JMB